Jeudi, 26 mai, 2022

Pathologie très fréquente chez les coureurs à pied (5 à 14% de l'ensemble des blessures liées à la course à pied selon Maarten van der Worp et collaborateurs), la biomécanique du syndrome de l'essuie-glace a dernièrement été remise en cause, passant de ce que l'on pensait être un syndrome de frottement à un syndrome de compression selon John Fairclough.

En effet on a longtemps cru, que cette irritation survenait en cas de frictions répétitives de la bandelette ilio-tibiale* au niveau d'une petite tubérosité siutée à l'extrémité distale du fémur en regard de la face latérale du genou : l'épicondyle fémoral latéral, lorsque le coureur fléchissait le genou pendant la course à pied puisque que l'on supposait alors un passage de la bandelette ilio-tibiale de l'avant de l'épicondyle (genou en extension) à l'arrière de celui-ci (au delà de 30° de flexion du genou). Cette cinétique ne serait qu'une illusion selon John Fairclough et son équipe, compte tenu des attache de la bandelette ili-tibiale sur le condyle fémoral latéral.
L'IRM a en revanche montré qu'à partir de 30° de flexion de genou, la bandelette ilio-tibiale se comprime contre l'épicondyle fémoral latérale à mesure que la tension augmente dans les fibres postérieures du tractus ilio-tibial. C'est cette compression qui provoquerait une irritation du tissu adipeux situé entre la bandelette ilio-tibiale et l'os, un tissu adipeux qui se trouve richement innervé.

D'un point de vue clinique, les coureurs souffrants d'un syndrome de l'essuie glace signalent une douleure sur la face latérale du genou à environ 2 à 3 cm au dessus de l'interligne articulaire tibio-fémoral dans la région du condyle fémoral latéral. L'apparition de la douleur est souvent insidieuse et précédée d'une récente surcharge de course (augmentation de la distance ou du volume de course, de la course en descente). Le test de Noble vient redéclencher la douleur.

La faiblesse des abducteurs de hanches rencontrées en cas de syndrome de l'essuie-glace, ne constituerait pas un facteur de risque dans la survenue de la pathologie, puisqu'elle serait une conséquence adaptative à celle-ci.

Côté traitement Meardon et coll. suggérent d'augmenter l'amplitude de la foulée ce qui réduirait la tension du tractus ilio-tibial comme le fait d'augmenter la cadence (fréquence des foulées).

* La bandelette ilio-tibiale correspond à la terminaison du tractus ilio-tibial, lequel est aussi nommé bandelette de Maissiat, et correspond lui à un épaississement latéral du fascia lata, particulièrement distinct de celui des autres primates pour être propre à l'espèce humaine et à la bipédie qui caractérise notre espèce comme locomotion, en parralèle au développement considérable du muscle grand fessier et son insertion sur le tractus ilio-tibial. Le fascia lata étant un tissu aponévrotique fibreux sous cutané entourant les muscle de la cuisse et qui s'étend de la crête iliaque du bassin pour se poursuivre par le fascia profond de la jambe au niveau du genou. Le tractus ilio-tibial semble fonctionner comme une entretoise pendant la marche, agissant à la fois comme un stabilisateur de la hanche et du genou, principalement dans le plan frontal. Il serait potentielement en capacité de grandes amplitudes d'énergie élastique durant la marche et la course à pied, ses grandes variations de largeur et d'épaisseur pouvant en partie expliquer certaines différences au niveau des aptitudes athlétiques de diverses populations. Le tractus ilio-tibial jouant un rôle dans la transmission des forces des muscles Grand Fessier (GF) et Tenseur du Fascia Lata (TFL).

Source : Hutchinson, L. A., Lichtwark, G. A., Willy, R. W., & Kelly, L. A. (2022). The Iliotibial Band: A Complex Structure with Versatile Functions. Sports medicine (Auckland, N.Z.), 52 (5) : 995–1008.


 

Expérience depuis 10 ans

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Travail avec les sportifs

Déplacement à domicile

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Diplômé de l'IDO

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